RECHERCHE

▪ Biographie

Fils et frère d’architectes agenais, Bernard-Édouard fait ses études de pharmacie à Paris, où il est installé en 1839. Associé au pharmacien Dublanc, rue du Temple, il se fait connaître rapidement par ses recherches et découvertes (analyse d’une bouteille de vin empoisonnée à l’arsenic, découverte du sel de quinine pour guérir les fièvres, analyse des eaux sulfureuses de Belleville). Il joue un modeste rôle sous l’uniforme de capitaine de la garde nationale lors de la Révolution de 1848, dont il a laissé un bref récit. Il commercialise ses propres produits (cigarettes iodées pour la phtisie, purgatif à la vanille appelé scammonée de Bourières, pâte de réglisse de Bourières pour la toux, pommade calmante, etc.). Son officine conserve toutes sortes de vieux remèdes : en 1867, un de ses élèves découvre des restes du bûcher de Jeanne d’Arc dans un flacon du XVIIe siècle, aujourd’hui exposé dans le Logis royal de la forteresse de Chinon ; l’analyse moderne a révélé qu’il s’agit de ceux d’une momie égyptienne ! Il est également administrateur d’un bureau de bienfaisance et Inspecteur général des dons et secours de la cassette de l’Empereur pour dix arrondissements, et considéré, à la veille de 1870, comme un des pharmaciens les plus recommandables de Paris. De 1855 à 1864, il a acquis plusieurs parcelles sur le site de l’abbaye de Saint-Maur et constitué un grand parc qui inclut la chapelle Notre-Dame des Miracles, le bâtiment qu’on appelle la villa Bourières, qu’il fait construire probablement par son frère, ainsi que l’emplacement du château et de l’église abbatiale, où il fait des fouilles dans la crypte en 1860 et constitue un petit musée.

Un tel succès a son revers. Bourières s’est lancé en mai 1869 dans une folle entreprise de création d’une Compagnie générale de commissionnaires et facteurs parisiens, qui aurait eu cent bureaux et mille facteurs. 4 000 actions sont émises. La guerre arrive là-dessus, Bourières transforme sa pharmacie en un service d’ambulance et de secours aux blessés, l’un des plus gros de l’arrondissement. La situation financière dans l’après-guerre est difficile : la compagnie n’a pas démarré, les actionnaires ne peuvent être remboursés, Bourières est déclaré en faillite frauduleuse et perd ses droits civiques. La belle propriété de l’abbaye de Saint-Maur est vendue aux enchères en 1878 et acquise par l’historien Piérart. Bourières décèdera veuf et isolé à Vincennes.

Pierre GILLON

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▪ Bibliographie et sources

  • P. GILLON, Notes biographiques sur Édouard Bourières, archives du Vieux Saint-Maur ;
  • M. Quillent, Édouard Bourières (1815-1889), l’éveil d’une conscience patrimoniale ?, mémoire de l’École du Louvre, mai 2014.