RECHERCHE

▪ Biographie

Fils de négociant installé avenue du Bois-Guimier en 1923, il est élève à l’école Diderot puis, de 1930 à 1935 à l’École primaire supérieure de garçons de Saint-Maur (aujourd’hui lycée D’Arsonval, rue André-Bollier). Il décroche son certificat d’études à 12 ans avec mention très bien. Grâce à l’intervention du directeur M. Prélat, il poursuit sa scolarité au lycée Janson de Sailly avant d’intégrer l’École polytechnique (il est reçu 6e à 18 ans), où la guerre interrompt ses études. Il est envoyé à l’école d’application de l’artillerie de Fontainebleau, d’où il sort sous-lieutenant à 19 ans pour être affecté en Alsace. Muté de l’unité hippomobile à l’état-major, dont il devient officier de liaison, il se déplace à moto. Pris dans un feu croisé en juin 1940, il est grièvement blessé, puis opéré et sauvé par un médecin allemand qui le juge dans l’incapacité d’être gardé comme prisonnier et le fait renvoyer à Saint-Maur : à 20 ans, il est classé « grand invalide ». Il gagne Lyon et réintègre l’École polytechnique délocalisée, d’où il sort quatrième. Au printemps 1941, il participe à la distribution du journal clandestin Les petites ailes. Il devient ingénieur de recherche aux Câbles de Lyon et se marie en avril 1942. Il décroche en même temps une bourse pour préparer le Conseil d’État. Il rejoint un camarade de promotion, Jean-Guy Bernard, dans la résistance au sein du mouvement Combat. Utilisant la camionnette des Câbles pour la distribution, il est bientôt le chef de la propagande du journal, qui revendique une résistance chrétienne, et va utiliser divers pseudonymes (Lefranc, Carton, Vélin, Alfa, Prestre). L’imprimerie installée à 40 km de Lyon est détruite par la Gestapo en mai 1943. Il la réinstalle à Lyon où, sous le couvert d’un Bureau de recherches géodésiques, il développe une véritable entreprise de presse. Y sont imprimés, sur une machine de cinq tonnes qu’il a remontée lui-même, en plus de Combat tiré bientôt à 200 000 exemplaires, de très nombreux journaux et tracts pour plusieurs mouvements de résistance. Il est arrêté le 8 mars 1944 par la Gestapo et torturé au Fort Montluc sans rien révéler. Alors que Claus Barbie lui a annoncé son exécution, il parvient à s’évader le 2 mai mais l’imprimerie est assiégée le 17 juin par la milice et la Gestapo. À l’issue d’une course-poursuite, blessé dans la rue, il se tire une balle en plein cœur. Il a laissé le souvenir d’un « formidable meneur d’hommes, audacieux et cultivé ».

À Saint-Maur, son nom a été donné à la rue des Bijoutiers en 1945 et une plaque a été apposée dans le bâtiment administratif du lycée D’Arsonval, dont le bâtiment ancien porte son nom.

Pierre GILLON

~ ~ ~

▪ Bibliographie

  • Dictionnaire biographique des fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés, 1940-1944 (http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/) ;
  • Y.-M. Ajchenbaum, A la vie, à la mort : histoire du journal « Combat », 1941-1974, Paris, 1993 ;
  • Vianney Bollier, « André Bollier (pseudo ‘Vélin’), 1920-1944 », Le déporté pour la liberté, n° 539, mars-avril 2004 ;
  • Id., André Bollier dit « Velin » (1920-1944), brochure réalisée pour le centenaire du lycée d’Arsonval, 6 octobre 2018.