RECHERCHE

▪ Biographie

Né à Varennes-en-Argonne, entre Reims et Verdun, il devient professeur de droit à l’université d’Angers en 1378 après de brillantes études, puis auditeur à la curie d’Avignon en 1380. Il y est le familier du jeune cardinal Pierre de Luxembourg, mort à 17 ans en odeur de sainteté, après avoir distribué tous ses biens aux pauvres : en trois mois, on enregistre 1964 miracles sur sa tombe. Quel exemple pour Jean de Varennes ! Alors qu’il allait devenir évêque, Jean abandonne tous ses bénéfices et prêche à Paris devant le roi en 1392 en faveur de la réconciliation de la chrétienté, alors divisée entre la papauté de Rome et celle d’Avignon. Mais le pape d’Avignon, Benoît XIII, refuse de se retirer. Installé à Saint-Lié, sanctuaire de pèlerinage près de Reims, Jean de Varennes est vite populaire et influent, bientôt connu de toute la France et vénéré comme un saint. Les plus grands docteurs et conseillers viennent écouter ses prêches. Le peuple lui attribue le pouvoir de faire des miracles. En avril 1396, un sermon violent marque la rupture de Jean avec le pape d’Avignon. Il réclame un concile de toute la chrétienté. Il dénonce aussi avec virulence le faste, la rapacité et la vénalité de l’archevêque de Reims. Il proclame la désobéissance à l’un et à l’autre et vilipende également le concubinage des prêtres, auxquels les fidèles refusent de payer la dîme, puis dénonce les femmes adultères et même les officiers du roi enrichis sur le sang des pauvres.

On le soupçonne de vouloir provoquer une nouvelle jacquerie. Alors on l’accuse d’hérésie. L’archevêque obtient son arrestation. Pour empêcher le peuple de le libérer, il est transféré au bois de Vincennes, puis amené secrétement, en juillet 1396, à la prison de l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés. Il y écrit un long plaidoyer pour répondre aux quarante-sept chefs d’accusation qui ont motivé son arrestation, il sait qu’il va mourir dans cette prison dont il souligne l’obscurité. De fait, il y est mort, sans qu’on sache si c’est de faim ou de mort violente. On n’entend plus parler de lui après l’été 1396. — La prison de l’abbaye était le sous-sol de la tour Rabelais, conçu pour servir de cul de basse-fosse, ou cachot, avec trappe d’accès et latrine. Jean de Varennes, prédicateur célèbre dans toute la France, qui aurait pu devenir pape, est sans doute le seul qui y soit jamais mort.

Pierre GILLON

~ ~ ~

▪ Bibliographie

  • A. Vauchez, « Un réformateur religieux dans la France de Charles VI : Jean de Varennes († 1396 ?) », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 142-4, 1998, p. 1111-1130.