RECHERCHE

▪ Biographie

Singulière dynastie de contructeurs de bateaux sur la Marne, qui s’étend sur six générations. L’initiateur est Louis Alcindor (Sadoux père), fils d’un journalier de Charenton, qui s’installe à Saint-Maur en 1826 lorsqu’il épouse une demoiselle Fayelle dont il aura huit enfants. Il est alternativement journalier et pêcheur jusqu’en 1850, où il s’installe avec son fils aîné Jean-Baptiste comme charpentier de bateaux sur le chemin de halage à La Pie, près de l’ancien barrage de Créteil (au niveau du bras du chapitre). C’est au chantier de La Pie, auprès du plan d’eau où la voile se développe avant 1881, que seront formées au métier trois générations de Sadoux. Les Sadoux habitent alors 22-24 et 30 rue du Four au vieux Saint-Maur. Ils habiteront bientôt au plus près de leurs chantiers : Jean-Baptiste (Sadoux aîné) développe l’activité à Joinville, où il est en même temps restaurateur avant 1865, tandis que son cadet Jean-René (Sadoux jeune) s’installe comme constructeur de canots au port de La Varenne (24 rue Hoche) ainsi qu’à Chennevières en 1862 (maison Sadoux et Perreau), et que leur benjamin Joseph — qui disparaîtra mystérieusement en 1892 — reste avec son père à La Pie où il est également marchand de vin traiteur. C’est que la construction et la location de canots restent des activités saisonnières et les Sadoux doivent cumuler les métiers. Leurs épouses sont en même temps ménagères ou blanchisseuses, et leurs amis carriers (le métier le plus courant à Saint-Maur à cette époque). Ce cumul ne leur évite pas d’être en faillite à tour de rôle pour insuffisance d’actif : Jean-Baptiste en 1865 et en 1874, Joseph en 1878, le fils de Jean-René en 1886, etc. C’est le fils de Jean-Baptiste, Louis-Isidore dit Adolphe, installé avant 1895 à La Varenne, 61 avenue Saint-Louis, qui crée en 1904 la première société en commandite Louis Sadoux et Cie « Vins, liqueurs, garage et fabrication de bateaux ». À Joinville succède à Jean-Baptiste son fils Émile-Louis, tandis qu’à La Varenne au 24 rue Hoche, André Albert, dont la fille Yvette sera championne de France en skiff en 1926, poursuit l’activité de son père, suivi par son fils Henri-Albert (1886-1963), qui assure aussi la continuité à Chennevières près de l’Écu de France, de 1907 à 1952 au moins. Au 61 avenue Saint-Louis, c’est Georges (1866-1952) qui prend la relève de son père : en 1932, il est commissaire du championnat de natation dans la Marne. Il faut dire que dès 1868, les Sadoux sont bons nageurs et sauvent des personnes de la noyade. On peut leur attribuer la création de trois baignades sur la Marne et d’autant d’écoles de natation, dont celles du Parc et de la promenade des Anglais, où enseignent Georges et Gaston dès 1923. La construction des youyous, canoës et dinghies en bois Sadoux a dû perdurer jusque dans les années 1960.

Pierre GILLON

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▪ Sources

  • Archives municipales de Saint-Maur-des-Fossés, État-civil ;
  • Archives commerciales de la France, années 1861-1905 ;
  • presse du XIXe siècle ;
  • annuaires locaux.

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▪ Bibliographie

  • C. CLAVEL, Saint-Maur, cité des sports. Regards sur trois siècles de sport saint-maurien, Saint-Maur, 2014, p. 35-38, 106-107, 113-114, 129, 172 ;
  • C. CLAVEL, « Les activités nautiques dans la boucle de la Marne (1830-2000) », Clio 94, n° 32, 2014, p. 80-100.